Les inscriptions d’élèves musulmans dans les 59 établissements catholiques de l’Essonne sont en hausse constante. Il y en aurait plus de 2 000, soit près de 10 % des effectifs. Source : le parisien

Les établissements scolaires catholiques du département accueillent de plus en plus d’élèves musulmans. Aucune statistique officielle n’existe, mais, selon la direction diocésaine de l’enseignement catholique (DDEC), il y aurait près de 10 % d’élèves musulmans sur un total de 22 000 dans les 26 écoles, 16 collèges et 17 lycées chrétiens qu’elle gère dans l’Essonne.

« Dans certains secteurs géographiques, comme à Évry, cela monte à près de 25 % », précise Gérald Omnes, directeur adjoint à la DDEC. Un phénomène en pleine expansion, à l’heure où deux projets d’établissement scolaire musulman, dont le département est aujourd’hui totalement dépourvu, sont en projet à Évry et à Corbeil.

Cette situation est loin d’être taboue au sein de la communauté musulmane. « L’un de mes fils est allé dans une école chrétienne à Igny », explique Khalil Merroun, le recteur de la mosquée d’Évry-Courcouronnes. Il précise son choix : « Selon moi, les écoles privées obtiennent de meilleurs résultats. Elles éduquent et construisent un citoyen positif, peut-être plus que l’école publique. » En effet, plus qu’un environnement religieux, les musulmans effectuant cette démarche semblent à la recherche d’un « meilleur niveau », comme le dit cette maman de Corbeil.

La cohabitation entre élèves musulmans et catholiques se déroule apparemment sans encombre. « Chacun se sent respecté par rapport à ses croyances. Nous avons aussi des lycéens juifs ou bouddhistes. Il n’y a aucun prosélytisme. Cela fait vingt ans que je suis directeur d’établissement à Corbeil, et je n’ai jamais connu de troubles liés à la religion », confie Laurent Georges, à la tête du lycée polyvalent Saint-Léon. Un enseignement de « culture générale religieuse » est commun à tous les élèves.

« Quand nous parlons d’Abraham, cela concerne aussi les musulmans », explique le proviseur. En revanche, par exemple pour la préparation aux sacrements, comme la communion, les élèves sont séparés.

La vie quotidienne des établissements concernés n’est pas vraiment modifiée. À la cantine, c’est à la carte. « Il n’y a globalement pas de menus spéciaux, précise Gérald Omnes, mais parfois nous évitons quand même le porc. » En revanche, les signes religieux musulmans sont proscrits. « Il n’y a pas de foulard, par exemple. Seuls les signes issus de la tradition chrétienne sont autorisés », poursuit l’adjoint à la direction diocésaine de l’enseignement catholique.
En attendant, peut-être, que les deux projets d’établissement scolaire musulman dans le département voient le jour. « C’est un besoin en Essonne, un département multiculturel. Je soutiens ces démarches si elles respectent la réglementation et entrent dans le cadre républicain », estime Khalil Merroun.

Même son de cloche chez Gérald Omnes : « Si ces établissements sont sous contrat avec l’État, c’est tout à fait logique qu’ils existent. Si c’est hors contrat, que cela ressemble en fait à une école coranique, c’est un autre problème… »